Le canal carpien
Il s’agit d’une compression d’un nerf, appelé le nerf médian, dans son passage sous le ligament annulaire antérieur du carpe ou rétinaculum des fléchisseurs.
Celle-ci entraine des fourmillements, le plus souvent au niveau des quatre premiers doigts avec sensation d’engourdissements, d’ankylose.
Souvent, au départ, les symptômes sont nocturnes, puis à l’effort et parfois permanents. Il peut s’y ajouter des symptômes moteurs, avec échappement d’objets, perte de force. La dextérité de votre main peut être affectée. L’aboutissement de cette compression peut être une perte totale de la sensibilité de la main avec atrophie musculaire et paralysie.
Un EMG est indispensable pour confirmer le diagnostic, de même, parfois, que certains examens comme la radiographie ou l’echographie. Quoiqu’il en soit le diagnostic demeure essentiellement basé sur votre interrogatoire et sur votre examen clinique.
Un rendez-vous avec le médecin anesthésiste vous sera donné avant la date opératoire. Vous devrez apporter votre ordonnance de traitement habituel et vous présenter vous-même à ce rendez-vous. Vous pourrez lui poser toutes les questions concernant l’anesthésie et ses complications potentielles.
L’intervention est le plus souvent réalisée sous anesthésie locale ou loco-régionale. Un garrot est mis en place à la base de votre bras et est gonflé quelques minutes pour faciliter la visualisation du champ opératoire.
L’incision est longitudinale sur le « talon » de la main et mesure entre un et deux cm. Le ligament annulaire antérieur du carpe ou rétinaculum des fléchisseurs est incisé tout simplement. Ce geste est rapide mais il peut être nécessaire d’y associer d’autres gestes comme la neurolyse du nerf ou la synovectomie des tendons. La fermeture est faite, dans la majorité des cas, au moyen de un ou deux points de fil résorbable.
Le geste est effectué en ambulatoire, c’est à dire que vous ne dormirez pas à la clinique le soir. Il se peut néanmoins que vous ne sortiez qu’en fin d’après midi si le chirurgien ou l’anesthésiste veulent vous surveiller. Le premier pansement est réalisé par une infirmière libérale près de chez vous en général 3 à 4 jours après l’intervention. Evidemment, en cas de pansement souillé, il ne faut pas hésiter à contacter l’infirmière avant cette date. Ensuite, il n’est pas nécessaire de refaire le pansement tous les jours. Si celui-ci est propre, il vaut mieux ne pas y toucher.
Des médicaments anti-douleur vous seront prescrits. Un rendez-vous vous sera donné avec le chirurien en général 4 à 6 semaines après l’intervention.
L’arrêt de travail sera rédigé par votre chirurgien. En général, un mois suffit.
La libération du nerf médian au canal carpien est un geste chirurgical bien codifié. Il est très efficace sur les douleurs avec souvent une disparition quasi immédiate des fourmis. Cependant, dans les cas les plus évolués (souvent les plus anciens) il peut arriver que la récupération de la fonction de la main ne soit pas complète, malgré un geste convenablement effectué. Le grand âge, l’importance de l’atteinte à l’EMG, le diabète, l’ancienneté de l’atteinte, le tabagisme peuvent expliquer cela.
Les fourmis disparaissent très vite, mais en revanche, la récupération de la force de serrage peut prendre 3 à 4 mois.
Cas des formes très sévères
Parfois, l’atteinte est majeure, avec des mesures réalisées à l’EMG qui sont très mauvaises. C’est dans ces cas que l’intervention peut ne pas être efficace du tout. Parfois, exceptionnellement, il peut même y avoir une aggravation après l’intervention (douleurs dites de réinnervation). En général, le neurologue et le chirurgien vous en parlent avant l’intervention. Vous pouvez alors prendre votre décision en toute connaissance de cause.
- la cicatrice (sur la peau et en profondeur).
Elle sera sensible pendant environ trois à quatre mois et surtout à partir de la deuxième quinzaine après l’intervention. Pour raccourcir la période douloureuse, il vous faudra éventuellement masser les zones sensibles dès le lendemain de la chute des fils en vous lavant les mains et en appliquant une pommade ou une crême hydratante de votre choix. En cas de sensation de brûlures, il faut appliquer un glaçon en gommant la zone douloureuse pendant 30 secondes 2 à 3 fois par jour maximum. La plupart du temps les douleurs cicatricielles ont disparu entre trois à six mois mais il n’est jamais possible de garantir une cicatrice totalement indolore. - l’infection : le risque zéro n’existe pas.
Toutes les précautions sont prises en fonction des données acquises de la science et des déclarations que vous aurez faites sur votre état de santé tant à la consultation du chirurgien qu’à celle de l’anesthésiste. La défense contre l’infection est avant tout sous la dépendance de votre organisme. Evitez de vous faire opérer pendant la période d’une grande fatigue. La peau de votre main ne doit pas être écorchée les jours précédents votre intervention. Par ailleurs, il est extrêmement important que vous mainteniez une hygiène rigoureuse de vos mains. Pour ce faire vous devez les jours qui précèdent l’intervention tenir vos ongles courts et dépourvus de vernis. Vous devez également retirer toutes les bagues, y compris les alliances. Si ce n’est pas possible, vous devez contacter un bijoutier qui pourra les couper sans faire de dégâts. Si vous refuser de retire ces bagues, vous ne pourrez pas être opéré(e).
Fréquemment, la cicatrice peut fabriquer des couches superficielles et donner une impression d’infection qui disparaîtra avec le nettoyage énergique d’où l’intérêt de laver et de masser à partir de la deuxième quinzaine après l’intervention. - la lésion du nerf.
C’est la complication la plus grave suite à cette intervention. Elle peut entraîner la perte définitive du toucher totale ou partielle sur un ou plusieurs doigts. La récupération peut être lente et avant de la déclarer définitive, il faudra attendre parfois de neuf mois à un an. Dans certains cas de compression de nerf médian très ancienne ou sévère, des sensations de toucher bizarres peuvent évoluer pendant plusieurs semaines ou mois après l’intervention sans que cela ne témoigne d’une complication, ces sensations peuvent dans des cas très rares être définitives. - l’algodystrophie
Cette complication n’est pas exceptionnelle, ses causes sont à ce jour mal connues. Il s’agit d’une réaction « d’allergie » du cerveau vis à vis de la main voir du tout le membre supérieur jusqu’à l’épaule. Cette complication peut vous ennuyer près de 18 mois et peut vous laisser des séquelles définitives. Pour l’éviter, il faut bien prendre le traitement anti-douleurs et bouger l’ensemble du membre supérieur ainsi que tous les doigts après l’intervention. - la douleur
Il faut l’évaluer et la comparer à l’état pré-opératoire ; en général, elle disparaît la nuit. Très souvent, il persiste pendant trois à quatre mois une sensibilité douloureuse qui ne doit pas freiner l’activité de la main, il faut privilégier la prise d’anti-douleurs avant la réalisation de travaux manuels. Après six mois, toute douleur persistante doit être signalée à votre médecin afin d’en chercher l’origine, toutes les douleurs de la main ne sont pas liées au canal carpien. - le manque de force
C’est une réalité pendant deux à trois mois voir plus pour certaines personnes. Elle n’empêche pas l’utilisation de la main bien au contraire, la remise en action de la main dès les premiers jours et ce, malgré les douleurs permet d’assurer un meilleur retour de la force. Cependant, le manque de force peut être dû à d’autres causes, rhumatismes, arthrose, atteinte d’un autre nerf. - la récidive
Elle reste exceptionnelle (moins de 1,5 %) mais pas impossible même après une intervention parfaitement réalisée. Les symptômes semblables au syndrome du canal carpien peuvent être dus à une atteinte plus haut située sur le nerf médian à ses racines dans la région du coude, de l’épaule ou du cou ou voir à l’atteinte d’autres nerfs comme le nerf cubital au niveau du coude. Ces atteintes associées ne sont pas exceptionnelles. Les examens répétés lors des consultations de contrôle, l’électromyogramme et éventuellement le doppler, les radiographies peuvent permettre de faire la part des choses et de dire s’il s’agit d’une récidive.
D’autres complications sont évidemment envisageables, mais il n’est pas possible de toutes les détailler ici. Cette liste n’est donc pas exhaustive. Si vous avez le moindre doute ou la moindre inquiétude concernant ces complications il est indispensable que vous recontactiez mon secrétariat et que nous nous ayons une nouvelle entrevue afin d’en parler. Pour ce qui concerne les complications de l’anesthésie, il en va de même et je vous conseille de vous rapprocher de l’anesthésiste afin d’en parler.
En pratique, la plupart de ses ennuis ou complications ont une évolution favorable si un traitement adapté est entrepris précocément.
A retenir :
- Mobilisation immédiate de la main le lendemain de l’intervention
- Conduite de votre voiture et utilisation pour les gestes courant le lendemain de l’intervention, sans soulever de charges lourdes, sans mettre sa main en contact avec la saleté.
- Maintien d’un pansement propre et non mouillé.
- 12 à 15 jours sans vous laver complètement les mains et faire la vaisselle.
- 15 jours pour une utilisation habituelle de la main.
- 2 à 3 mois avec un manque de force, avec des douleurs calmées par des anti-douleurs avec une cicatrice sensible.
Les mouvements des doigts et l’utilisation de la main sont une priorité dès le lendemain.