La réparation des ligaments de l’épaule par arthroscopie
Anatomie normale
L’articulation de l’épaule possède une mobilité extrêmement importante. La stabilité de cette articulation est obtenue grâce à des ligaments unissant l’humérus à la surface articulaire de l’omoplate (la glène). Les ligaments s’attachent par l’intermédiaire du bourrelet (ménisque de l’épaule) sur la surface périphérique de la glène. La stabilité de cette articulation nécessite des structures en bon état, solidement attachées de part et d’autre de l’articulation.
Qu’est-ce qui ne va pas pour vous ?
Les symptômes qui vous amènent à consulter sont le plus souvent répertoriés en trois grandes catégories:
- la luxation de l’épaule : « déboîtement' » de l’articulation nécessitant une manoeuvre de réduction
- la sub-luxation de l’épaule : sensation de déboîtement incomplet de l’articulation souvent spontanément remis en place,
- une instabilité douloureuse pour laquelle la douleur est au premier plan.
Pourquoi ça ne va pas ?
L’explication de vos symptômes est liée à un dysfonctionnement de l’appareil ligamentaire. Celui-ci est le plus souvent détaché de la glène (mais d’autres lésions peuvent être associées).
Que se passe-t-il si on ne fait rien de chirurgical ?
En l’absence de traitement chirurgical, l’évolution spontanée de votre épaule risque de se faire vers l’apparition de nouveaux épisodes d’instabilité dans des circonstances bien particulières (natation, escalade, etc.) ou parfois sans rien faire.
La rééducation peut renforcer votre tonus musculaire, mais malheureusement votre appareil ligamentaire a une fonction spécifique qui ne peut pas être améliorée par la seule rééducation.
Le traitement antalgique lutte contre la douleur sans pouvoir guérir vos symptômes de base.
Quel type de chirurgie est possible ?
1. La chirurgie à ciel ouvert qui peut soit refixer l’appareil ligamentaire, soit effectuer une butée osseuse qui va venir empêcher votre instabilité.
2. La chirurgie arthroscopique consiste à repositionner et rattacher vos ligaments à leur emplacement anatomique au travers de petites incisions.
Que vous propose-t-on ?
C’est une intervention sous arthroscopie qui vous est proposée. Cette intervention qui a pour but de rétablir l’anatomie ne prétend pas vous redonner une épaule à 100 % normale. Il s’agit d’une réparation articulaire qui a pour but de vous redonner une articulation fiable, forte, mobile, dont vous pouvez vous servir normalement pour effectuer les gestes de votre vie quotidienne, manuelle et sportive.
Pourquoi l’arthroscopie ?
Tout en sachant qu’il n’existe pas de technique idéale, l’arthroscopie est adapté à votre cas, c’est la moins délabrante tout en permettant d’obtenir d’excellent résultats. C’ est une méthode qui permet la chirurgie grâce à des petites incisions à travers la peau, et ceci amène bien sûr des avantages cosmétiques. C’est surtout parce que cette méthode permet une chirurgie sans délabrement de vos muscles périphériques qu’elle a été choisie pour votre pathologie.
Le repositionnement de vos ligaments déchirés se fait à l’aide de petites ancres et d’un fil. La solidité finale ne sera obtenue qu’après cicatrisation complète de vos ligaments sur l’os, les petites ancres et les fils ne servant qu’à maintenir les ligaments en place le temps nécessaire à la cicatrisation.
Cette méthode permet d’excellents résultats avec une récupération fonctionnelle d’un niveau sportif équivalent à ce que vous aviez avant les premiers accidents, sous réserve de découvertes pré-opératoires importantes de type dégâts cartilagineux ou arthrose avancée pouvant compromettre le pronostic final.
Comme dans toute chirurgie des complications peuvent survenir liées à une infinité de causes dont le dénombrement est impossible. A chacune de ces complications, des solutions seront proposées afin d’y faire face si elles surviennent.
Deux à trois incisions seront nécessaires afin d’explorer vos lésions et d’en effectuer la réparation. En fonction des lésion découvertes, des incisions supplémentaires sont toujours possibles et la réparation prévue sous arthroscopie peut parfois être complétée par une chirurgie à ciel ouvert dans le même temps opératoire ou différé, en fonction de la décision de votre chirurgiens du fait des lésions découvertes.
La chirurgie est réalisée sous anesthésie générale et/ou locorégionale. Une cicatrice est réalisée sur votre épaule, de taille adaptée à chaque patient et pathologie. Les tendons de votre épaule sont détachés pour accéder à votre articulation. Les surfaces articulaires sont retirées (humérus systématiquement, omoplate selon son usure et la technique utilisée) à l’aide d’une instrumentation chirurgicale spécialement développée. La prothèse peut être fixée dans l’os par impaction (prothèse sans ciment) ou avec du ciment (prothèse cimentée) au libre choix de votre chirurgien. A la fin de l’intervention, un drain est laissé permettant d’évacuer l’hématome. Le drain sera enlevé dans les jours qui suivent l’intervention. Une attelle d’immobilisation est souvent mise en place quelques jours.
Votre bras sera immobilisé, le coude à 90°, l’avant-bras le long du corps, pour une période de trois semaines. Le soir de votre intervention, votre chirurgien passera contrôler dans votre chambre que tout se passe bien. Des traitements antalgiques vous seront donnés par l’infirmière en fonction des prescriptions et de votre demande. Si tout se passe bien, vous pourrez alors rentrer chez vous, l’intervention se déroulant en général en ambulatoire.
Différents documents préparés par le secrétariat d’orthopédie vous seront remis à l’accueil :
- Arrêt de travail,
- Ordonnance de soins infirmiers, de médicaments adaptés à votre cas
- Lettre d’information des suites opératoires,
- Date de prochain rendez vous,
- Ordonnance pour radiographie de contrôle
Chez vous
La rééducation ne commence qu’au bout de 6 semaines, une immobilisation étant stricte pendant trois semaines.
Seuls les mouvements de flexion extension du coude seront autorisés ainsi que les mouvements de rotation coude au corps, en écartant doucement la maint du ventre, sans jamais aller jusqu’au seuil douloureux.
Aucun mouvement pendulaire ou de distraction du bras vers le bas ne devra être effectué au risque de déchirer l’appareil ligamentaire réparé.
Au bout de 21 jours l’appareil de contention pourra être retiré dans la journée par périodes courtes, puis sera remis le soir pour 21 nuits.
Retour aux activités
Une vie quotidienne sédentaire normale ne sera possible qu’au bout d’un mois avec un handicap qui va persister jusqu’à la fin du 90ème jour. Vous ne pourrez pas conduire avant 6 semaines.
La reprise de vos activités professionnelles sera envisagée lors de la consultation pré-opératoire en fonction de votre activité, l’arrêt de travail moyen habituel est de 45 jours. Les sports sans risque (footing, vélo d’appartement) pourront commencer à 45 jours.
Vous pourrez reprendre une vie quotidienne normale à partir de trois mois et une activité professionnelle entre 90 et 120 jours en fonction du degré de difficulté.
Le sport à risque sera repris progressivement entre 3 et 4 mois en fonction des degrés de récupération.
Bien sur l’évolution stéréotypée n’est pas toujours la règle et c’est durant les différentes consultations que votre chirurgien vous indiquera vos possibilités d’activité professionnelles et sportives.
Chacun réagit différemment ce qui rend difficile une information statistique adaptée à votre cas ; de ce fait, il est impossible de vous garantir à l’avance une récupération complète sans séquelle.
Malheureusement le risque nul n’existe pas plus en médecine que dans d’autres domaines. Différentes difficultés peuvent émailler cette évolution post-opératoire, essentiellement l’enraidissement articulaire qui ne saurait mettre en jeu le pronostic final mais qui va constituer une gêne plus longue pour vous que pour la moyenne des patients. Il est important de garder à l’esprit que cet enraidissement post-opératoire est souvent le garant d’un excellent résultat final sur la chirurgie de l’instabilité.
La complication la plus fréquente est la récidive de l’instabilité dont la fréquence est variable mais peut aller au delà de 10 %.
En cas d’échec de cette chirurgie arthroscopique non agressive, il est toujours possible d’effectuer soit une nouvelle chirurgie arthroscopique, soit une chirurgie à ciel ouvert en fonction des causes de cet échec.