Arthrolyse du coude à ciel ouvert
C’est l’une des techniques chirurgicales utilisée pour la cure d’une raideur du coude. Celle-ci peut être secondaire à une luxation, une fracture d’un ou plusieurs os du coude, à une intervention, à une maladie localisée (ostéochondromatose avec corps étrangers dans l’articulation, arthrose) ou d’autres affections. La raideur peut être plus ou moins importante, le retentissement fonctionnel également. Des blocages ou des douleurs peuvent être associés.
Un bilan d’imagerie peut être demandé par votre chirurgien avec toujours une radiographie et parfois d’autres examens tels que l’échographie, le scanner, l’arthroscanner ou l’IRM, mais le diagnostic en demeure clinique.
L’intervention est le plus souvent réalisée sous anesthésie locale ou loco-régionale en ambulatoire. Un garrot est mis en place à la base de votre bras et est gonflé quelques minutes pour faciliter la visualisation du champ opératoire.
L’incision est longitudinale en regard de la partie interne du coude. Le nerf est libéré et le plus souvent transféré vers l’avant afin que la compression ne se reproduise pas.
Un drain est mis en place et généralement retiré le soir avant votre départ.
La peau est refermée avec un fil résorbable.
Le geste est effectué en ambulatoire, c’est à dire que vous ne dormirez pas à la clinique le soir. Il se peut néanmoins que vous ne sortiez qu’en fin d’après midi si le chirurgien ou l’anesthésiste veulent vous surveiller. Le premier pansement est réalisé par une infirmière libérale près de chez vous en général 3 à 4 jours après l’intervention. Evidemment, en cas de pansement souillé, il ne faut pas hésiter à contacter l’infirmière avant cette date. Ensuite, il n’est pas nécessaire de refaire le pansement tous les jours. Si celui-ci est propre, il vaut mieux ne pas y toucher.
Des médicaments anti-douleur vous seront prescrits. Un rendez-vous vous sera donné avec le chirurien en général 4 à 6 semaines après l’intervention.
L’arrêt de travail sera rédigé par votre chirurgien. En général, un mois suffit.
La libération du nerf au coude est un geste chirurgical bien codifié. Il est très efficace sur les douleurs avec souvent une disparition quasi immédiate des fourmis. Cependant, dans les cas les plus évolués (souvent les plus anciens) il peut arriver que la récupération de la fonction de la main ne soit pas complète, malgré un geste convenablement effectué. Le grand âge, l’importance de l’atteinte à l’EMG, le diabète, l’ancienneté de l’atteinte, le tabagisme peuvent expliquer cela.
Les fourmis disparaissent assez vite, mais en revanche, la récupération de la force de serrage peut prendre 3 à 4 mois.
Cas des formes très sévères :
Parfois, l’atteinte est majeure, avec des mesures réalisées à l’EMG qui sont très mauvaises. C’est dans ces cas que l’intervention peut ne pas être efficace du tout. Parfois, exceptionnellement, il peut même y avoir une aggravation après l’intervention (douleurs dites de réinnervation). En général, le neurologue et le chirurgien vous en parlent avant l’intervention. Vous pouvez alors prendre votre décision en toute connaissance de cause.
- la cicatrice (sur la peau et en profondeur)
Elle sera sensible pendant environ trois à quatre mois et surtout à partir de la deuxième quinzaine après l’intervention. Pour racourcir la période douloureuse, il vous faudra éventuellement masser les zones sensibles en appliquant une pommade ou une crême hydratante de votre choix. En cas de sensation de brûlures, il faut appliquer un glaçon en gommant la zone douloureuse pendant 30 secondes 2 à 3 fois par jour maximum. La plupart du temps les douleurs cicatricielles ont disparu entre trois à six mois mais il n’est jamais possible de garantir une cicatrice totalement indolore. - l’infection : le risque zéro n’existe pas.
Toutes les précautions sont prises en fonction des données acquises de la science et des déclarations que vous aurez faites sur votre état de santé tant à la consultation du chirurgien qu’à celle de l’anesthésiste. La défense contre l’infection est avant tout sous la dépendance de votre organisme. Evitez de vous faire opérer pendant la période d’une grande fatigue. La peau ne doit pas être écorchée les jours précédents votre intervention. Par ailleurs, il est extrèmement important que vous mainteniez une hygiène rigoureuse. Pour ce faire vous devez les jours qui précèdent l’intervention tenir vos ongles courts et dépourvus de vernis.
Fréquemment, la cicatrice peut fabriquer des couches superficielles et donner une impression d’infection qui disparaîtra avec le nettoyage énergique d’où l’intérêt de laver et de masser à partir de la deuxième quinzaine après l’intervention. - la lésion du nerf
C’est la complication la plus grave suite à cette intervention. Elle peut entraîner la perte définitive du toucher totale ou partielle sur un ou plusieurs doigts. La récupération peut être lente et avant de la déclarer définitive, il faudra attendre parfois de neuf mois à un an. Dans certains cas de compression de nerf cubital très ancienne ou sévère, des sensations de toucher bizarres peuvent évoluer pendant plusieurs semaines ou mois après l’intervention sans que cela ne témoigne d’une complication, ces sensations peuvent dans des cas très rares être définitives. - l’algodystrophie
Cette complication n’est pas exceptionnelle, ses causes sont à ce jour mal connues. Il s’agit d’une réaction « d’allergie » du cerveau vis à vis de la main voir du tout le membre supérieur jusqu’à l’épaule. Cette complication peut vous ennuyer près de 18 mois et peut vous laisser des séquelles définitives. Pour l’éviter, il faut bien prendre le traitement anti-douleurs et bouger l’ensemble du membre supérieur ainsi que tous les doigts après l’intervention. - la raideur du coude
Elle peut gêner la récupération fonctionnelle du membre. Il faut, pour l’éviter ne pas hésiter à mobiliser son coude tant en flexion qu’en extension et ce dès le lendemain de l’intervention. Parfois des séances de rééducation chez un kinésithérapeute sont prescrites. - la douleur
Il faut l’évaluer et la comparer à l’état pré-opératoire ; en général, elle disparaît la nuit. Très souvent, il persiste pendant trois à quatre mois une sensibilité douloureuse qui ne doit pas freiner l’activité de la main, il faut privilégier la prise d’anti-douleurs avant la réalisation de travaux manuels. Après six mois, toute douleur persistante doit être signalée à votre médecin afin d’en chercher l’origine, toutes les douleurs de la main ne sont pas liées au canal carpien. - le manque de force
C’est une réalité pendant deux à trois mois voir plus pour certaines personnes. Elle n’empêche pas l’utilisation de la main bien au contraire, la remise en action de la main dès les premiers jours et ce, malgré les douleurs permet d’assurer un meilleur retour de la force. Cependant, le manque de force peut être dû à d’autres causes, rhumatismes, arthrose, atteinte d’un autre nerf. - la récidive
Elle reste exceptionnelle mais pas impossible même après une intervention parfaitement réalisée. Les examens répétés lors des consultations de contrôle, l’électromyogramme et éventuellement le doppler, les radiographies peuvent permettre de faire la part des choses et de dire s’il s’agit d’une récidive.
En pratique, la plupart de ses ennuis ou complications ont une évolution favorable si un traitement adapté est entrepris précocement.
L’intervention de libération mobilisatrice du coude à ciel ouvert (arthrolyse) reste complexe et imprévisible dans son résultat final. La cause de la raideur, l’importance de celle-ci, et de nombreux autres éléments rendent le résultat final souvent bon mais incertain.