La maladie de Dupuytren
Cette maladie a été décrite à la fin du XVIII ème siècle par un chirurgien français : le Baron Dupuytren. Il s’agit d’une maladie à caractère héréditaire (possibilité d’atteinte des frères et soeurs, des enfants, des parents) qui atteint la main et qui entraîne une rétraction de la peau et des doigts. Plusieurs stades sont possibles, allant d’un simple épaississement de la peau de la paume jusqu’à une rétraction majeure des chaines digitales, rendant l’ouverture des doigts impossible. La découverte d’une maladie de Dupuytren doit faire rechercher un diabète, surtout s’il n’y a pas d’autres facteurs favorisants (travail manuel lourd par exemple).
La chirurgie est le seul traitement de cette maladie. En général elle doit être proposée lorsque la main ne peut plus reposer à plat sur une table. Bien sûr, plus l’intervention est réalisée tôt, plus les suites sont simples et rapides.
Avant l’intervention, vous devez préparer la peau en lavant votre main plusieurs fois par jour avec une solution antiseptique (Bétadine scrub par exemple). Cette phase a pour but de supprimer les germes qui se trouvent de façon habituelle sur la peau.
Elle est réalisée le plus souvent sous anesthésie du bras uniquement avec un garrot pneumatique qui permet une bonne visibilité. Cependant, le médecin anesthésiste peut être amené, selon les cas, à proposer une intervention sous anesthésie générale.
Il existe deux types d’intervention :
- Soit l’aponévrotomie per-cutanée. : Cette intervention consiste en une section au travers de la peau des brides qui rétractent le doigt. Les suites opératoires sont rapides puisque l’incision de la peau est minime, l’intervention réalisée en chirurgie ambulatoire. Il faut en général porter une orthèse réalisée sur mesure quelques jours après l’intervention pendant une durée variable allant d’une dizaine de jours à un mois. Il faut noter que cette intervention, certes simple dans les suites, a pour corollaire un taux de récidive à court ou moyen terme plus important que dans le second cas, dans la mesure où la bride rétractant le doigt n’est retirée que partiellement.
- Soit l’aponévrectomie radicale : Dans ce cas, l’ensemble de la bride est retirée par le chirurgien. Il faut alors inciser complètement la main et le doigt. La durée de cicatrisation est plus longue que dans le premier cas, mais les risques de récidive sont moins importants. Il faut de toute façon s’astreindre à porter une orthèse comme dans l’aponévrotomie per-cutanée.
Le choix entre l’une ou l’autre des interventions repose d’une part sur la forme de la déformation (en cas d’atteinte uniquement du doigt, le traitement par aponévrotomie est contre-indiqué), d’autre part sur les désirs du patient (volonté par exemple d’avoir des suites rapides pour ce qui concerne la cicatrisation par exemple).
Dans tous les cas, vous avez discuté avec votre chirurgien qui vous a proposé une intervention en tenant compte de tous ces paramètres.
Le geste est en général effectué en ambulatoire.
La douleur post-opératoire est assez limitée et de toute façons en cas de douleur importante, le service d’anesthésie de la clinique a recours à des protocoles de lutte contre la douleur très précis.
Le premier pansement est réalisé en général une semaine après l’intervention à la clinique. Il doit être refait tous les jours ou tous les deux jours par une infirmière diplômée de votre choix près de votre domicile.
L’orthèse est réalisée en général également une semaine ou 10 jours après l’intervention, sur mesure par une ergothérapeute diplômée sous contrôle de votre chirurgien, à la clinique. Il est parfois nécessaire de revenir en consultation pour parfaire l’adaptation de cette orthèse en fonction de la fonte de l’oedème et des progrès de la rééducation.
La première consultation post-opératoire du chirurgien se fait la semaine suivant l’intervention ou plus tôt, si le chirurgien le juge indispensable. Il est capital que vous ne négligiez pas ces visites (certes astreignantes) car la surveillance de la cicatrisation est indispensable pour un bon résultat.
La mobilisation est entreprise dès le lendemain par un kinésithérapeute diplômé, de préférence au cabinet du kinésithérapeute. Il existe un protocole très précis qui vous sera remis à votre sortie et que le kinésithérapeute devra suivre scrupuleusement.
Il dépend bien sûr de la complexité de la forme pré-opératoire. Les déformations minimes, le caractère récent de la maladie sont des éléments favorables.
De toute façon, il faudra dans le cas d’une aponévrectomie une durée d’au moins 45 jours pour obtenir un revêtement cutané convenable et une utilisation satisfaisante de sa main.
La durée de l’arrêt de travail dépend de la nature du travail, de la gravité de la forme et de la motivation du patient.
Chacun réagit différemment ce qui rend difficile une information statistique adaptée à votre cas ; de ce fait, il est impossible de vous garantir à l’avance une récupération complète sans séquelles.
Les complications inhérentes à toute chirurgie sont possibles.
L’infection ou la désunion de la plaie sont toujours possibles et doivent être combattues par une hygiène radicale du patient, du kinésithérapeute et du personnel médical et para-médical. La présence d’un diabète majore le risque. Par ailleurs, il est extrêmement important que vous mainteniez une hygiène rigoureuse de vos mains. Pour ce faire vous devez les jours qui précèdent l’intervention tenir vos ongles courts et dépourvus de vernis.
Un hématome sous cutané peut se rencontrer et nécessite parfois une évacuation au bloc opératoire.
La plaie des nerfs ou des artères collatérales des doigts est possible mais rarissime. Elle peut entraîner la perte de sensibilité partielle ou totale du doigt et peut aller dans des cas exceptionnels jusqu’à l’amputation du doigt. Ces cas sont très rares et sont surtout le fait des formes très graves (déformations majeures ou récidives).
La récidive est toujours possible et survient d’autant plus fréquemment que le patient est jeune et la déformation importante.
L’algodystrophie (état inflammatoire douloureux post-opératoire persistant) est possible dans environ 5 à 10 %. Elle retarde la récupération de la mobilité, qui peut s’étaler alors sur six mois ou plus. Elle peut malheureusement atteindre parfois l’ensemble du membre supérieur et particulièrement l’épaule. Dans ce cas, l’algodystrophie s’appelle le syndrome épaule/main.
D’autres complications sont évidemment possibles, mais il n’est pas possible de toutes les détailler ici. Si vous avez le moindre doute ou la moindre inquiétude concernant ces complications il est indispensable que vous recontactiez mon secrétariat et que nous ayons une nouvelle entrevue afin d’en parler. Pour ce qui concerne les complications de l’anesthésie, il en va de même et je vous conseille de vous rapprocher de l’anesthésiste afin d’en parler.
Conclusion
La maladie de Dupuytren est une maladie fréquente qui nécessite un traitement chirurgical. Ce traitement est actuellement bien au point, mais un certain nombre de complications ne peut être évité. Les résultats sont directement proportionnels à la gravité de l’atteinte pré-opératoire.
Votre chirurgien a choisi avec votre accord l’intervention qui est la plus appropriée à votre cas.
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Au moins 15 jours ou 21 jours sans vous laver les mains complètement et faire la vaisselle selon la technique opératoire.
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2 et 6 semaines de pansement avec des soins infirmiers.
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Une participation active et une motivation pour la rééducation et les exercices personnels de votre part.
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Entre 1 et 3 mois d’arrêt de travail en fonction de l’activité
Les mouvements des doigts et l’utilisation avec précaution de la main sont une priorité dès diminution du volume du pansement.